jeudi 20 septembre 2007

Mon ange

Mon ange, cesse de me dire que nous sommes jumeaux
Je rampe à même le sol et tu déploies tes ailes
Deux X composent tes chromosomes sexuels
Un X et un Y précisent mes défauts

Mon ange, cesse de me dire que nous sommes pareil
Je ne suis qu'une bulle d'air et toi mon oxygène
Tu as un taux plus élevé que moi d'œstrogènes
Tous les mois ton corps râle, expulse un sang vermeil

Mon ange, cesse de me dire que nous sommes semblables
Approche distincte, tu me frôles, je te pétrie
Alors que doucement je meurs, toi tu vieillis
Entre nous un quinquennat, interminable

Mon ange, cesse de me dire que nous ne formons qu'un
Alors que je ne vis que de formules, toi tu agis
Viennent au monde, plus de garçons que de filles
Sexe d'autant plus précieux qu'il est rare et divin

Mon ange, cesse de me dire que nous sommes conformes
Je ne suis que la forme et toi l'insondable fond
Tu ne te réduits pas à un simple sillon
A un vagin un clitoris un objet d’homme

Mon ange, cesse de me dire que nous sommes sosies
Tu es pleine et comblée, remplie de tous mes vides
Toi tu es fille de la terre, je suis apatride
Tout comme elle tu trembles, tu gronde, tu me subit

Mon ange, cesse de me dire que nous formons la paire
Mes trésors en surface, les tiens à l'intérieur
Tes gonades en dedans, les miennes à l'extérieur
Gardiens du temple utérus, veillent tes ovaires

Mon ange, cesse de me dire que je suis ton double
Je gaspille, tu gères, tu comptes, tu économises
A un nombre de gamètes tu es soumise
Tu libères quelques ovules, par années douze

Mon ange, cesse de me dire que tu es la copie,
Le miroir de mon âme, le reflet de mon coeur
Je perçois à peine ta voix au milieu du chœur
Tes cordes vocales sont si petites, c'est ainsi

Mon ange, cesse de me prendre pour ton alter ego
Quelques caresses verbales et tues donnes presque tout
De ta croupe vénusienne à tes seins d’acajou
Enfant, je m’empresse, et déballe mes cadeaux

Mon ange, cesse de croire que tu peux être moi
Je n’ai pas ta démarche souple, ton bassin
Tu fus femme, avant que moi-même je sois quelqu’un
Je donne la vie en minutes et toi en mois

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Il ne suffit pas de le penser, il faut le sortir...